Morlaix (29). Une invasion de mulets dans le portLes mulets, poissons du littoral breton, prennent leurs quartiers d'été dans les ports. À Morlaix, leur nombre est impressionnant. Voici des éléments qui expliquent leur intrigante présence.
Quiconque est allé se promener aux abords du port de plaisance de Morlaix les a vus. Ils se promènent en bande, petits et grands ensemble, et se regroupent près des berges. Le bassin ne désemplit pas de mulets, ces gros poissons de forme oblongue: «J'ai l'impression qu'il n'y en avait pas autant dans les dix dernières années», confie Antoine Lécuyer, second du port de Morlaix.
Un véritable garde-manger
«Le mulet s'adapte parfaitement au biotope de la côte bretonne, si bien qu'on le trouve dans tous les ports: Brest, Lorient, Bénodet, Vannes, explique Philippe LeMaux, président de l'AAPPMA (Association agréée pour la pêche et la protection du milieu aquatique) de Morlaix. Ils prolifèrent sur le littoral puisque personne ne les pêche et qu'ils n'ont pas réellement de prédateurs.» Sur la côte, leur nourriture est variée. «Ils se nourrissent d'algues vertes ou d'oeufs que les mouches pondent dans les algues en décomposition», commente Yann Guoasguen, agent technique de l'environnement.
Dans le cas de la baie de Morlaix, ils se nourrissent des sédiments que portent les deux rivières, le Queffleuth et le Jarlot. Avec les marées, ils s'infiltrent par les écluses dans le port de Morlaix, qui est pour eux un véritable garde-manger: mousses, algues, herbes, déchets, mie de pain, déjections et autres micro-organismes constituent leur pain quotidien. «En fait, s'ils restent là, c'est avant tout pour se faire nourrir facilement...», confirme Erwan Le Roux, pêcheur invétéré. «Le mulet est un poisson filtre et, en ce sens, il peut être utile dans les ports. Mais il n'est aucunement révélateur de la qualité de l'eau».
Par ailleurs, l'eau, moins froide dans le port, demeure à une température relativement stable tout l'été, leur offrant un train de vie proche du farniente. Il y a donc fort à parier qu'ils reviendront tous les ans, en plus grand nombre encore. Mais n'allez pas croire que les mulets soient seuls maîtres dans le bassin. Il arrive qu'ils partagent leur territoire avec quelques bars et autres saumons qui restent régulièrement piégés par les marées, ou en remontant la rivière dans le cas du second.
Pas comestible dans le port
Côté pêche, le mulet est une aubaine pour les sportifs: combatif, il offre une belle résistance et de belles sensations à qui parvient à l'appâter. D'un poids atteignant facilement les 3kg et d'une longueur de 60 à 70cm, il donnera du fil à retordre à votre moulinet de canne à pêche. Armez-vous de patience, car il mord très rarement à l'hameçon... Pour leur part, les gourmands et les amateurs de friture doivent se résigner: dans le bouillon de culture du port de plaisance, ce poisson ne développe pas d'arômes agréables pour le palais. Le fait est qu'il n'est tout simplement pas comestible: «Le bassin n'est pas propre, comme la plupart des ports. Inutile d'y songer...», avertit tout de go Philippe LeMaux.
Pour les gastronomes, préférez le mulet de roche, pêché dans la baie, qui se nourrit correctement: «Je le cuisine comme pour un poisson classique: je lève les filets, j'ôte les arêtes, et hop! Un coup à la poêle», conseille Yann Goasguen, en fin gourmet.
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